Physical Address
304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124
Physical Address
304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124
La poussière est retombée. Les salles de cinéma du monde entier recouvrent peu à peu le niveau de leur public d’avant Covid-19, même si cet objectif sera difficile à atteindre avant 2025, tandis que les plates-formes de streaming (Netflix, Prime Video, Disney+, Apple TV+, HBO Max…) continuent d’engranger des abonnés. Tous ceux qui prévoyaient que les amoureux du septième art ne bougeraient plus de leur canapé et ne reviendraient pas en salle voir des films ont eu tort.
Alors que s’ouvre, mardi 14 mai, la 77e édition du Festival de Cannes, les violentes querelles se sont tues. Depuis 2018, les patrons des plates-formes de streaming qui espèrent fouler le tapis rouge sur la Croisette grâce à l’un de leurs films doivent s’engager à le sortir en salle en France. Ceux qui s’y refusent tentent désormais leur chance dans d’autres festivals, à Berlin, à Toronto ou à Venise. Là encore, les plus pessimistes, persuadés que Cannes allait gravement pâtir de cette exception française, ont agité en vain leur chiffon rouge.
L’économie pure et dure a repris ses droits et les producteurs, à Hollywood comme partout ailleurs, savent bien qu’un film programmé en salle dans le monde entier, puis exploité en DVD, à la télévision et en streaming, sera bien plus rentable que l’achat exclusif par une plate-forme, sans possibilité d’exploitation ultérieure. La pandémie s’est avérée une parenthèse.
Lors de la convention annuelle du cinéma, le CinemaCon, à Las Vegas début avril, Michael O’Leary, président de l’Association nationale des salles de cinéma aux Etats-Unis, a réaffirmé qu’« un film d’abord diffusé exclusivement en salle aura par la suite davantage de succès en streaming ». Il a assuré que « reléguer des films réalisés à coups de budgets colossaux directement sur une plate-forme de streaming ne constitue pas un business model durable ».
Les studios hollywoodiens, qui, pendant la pandémie, snobaient les salles pour ne sortir leurs productions que sur leurs plates-formes, en ont fini avec cette stratégie. Un des derniers films confrontés à cette interrogation, Challengers, de Luca Guadagnino, cofinancé par Amazon, a fait l’objet d’une sortie mondiale au cinéma.
« La salle a gagné, les plates-formes se rendent compte qu’elle est irremplaçable », tranche Anne Flamant, directrice cinéma et audiovisuel de la banque Neuflize OBC (ABN Amro). « La salle fait rêver », ajoute Eric Marti, directeur général de la société d’analyses Comscore.
L’impact de la longue grève à Hollywood, en 2023, a pénalisé le rebond tant attendu en salle. Pourtant, selon lui, « les “streamers” ont mangé leur pain blanc, ils étaient attractifs quand la planète entière était confinée ». L’extraordinaire succès de Barbie et d’Oppenheimer – qui s’est développé crescendo au cœur de l’été 2023 – n’aurait jamais pu se produire sur des plates-formes. Selon M. Marti, quasiment aucun film uniquement programmé sur les plates-formes de streaming n’est resté emblématique. A quelques exceptions près, comme Coda, financé par Apple TV+, la pluie de récompenses espérée dans les festivals ou aux Oscars se fait toujours attendre.
Il vous reste 47.68% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.